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Comprendre la ménopause : symptômes et solutions
le 16/10/2025

Qu'est-ce que la ménopause et pourquoi reste-t-elle un sujet tabou ?
La ménopause est une définition clinique : c'est l'absence de règles pendant un an, qui survient généralement entre 45 et 55 ans, avec une moyenne de 51 ans en France. Ce n'est pas une maladie, mais un processus naturel qui concerne toutes les femmes.
Le tabou persiste alors que c'est un véritable problème de santé publique avec des répercussions sur la vie personnelle, la vie de couple et la vie professionnelle. Aujourd'hui, les femmes de 50 ans ont une vie très active et ne considèrent plus la ménopause comme une fatalité, contrairement à l'époque de nos grands-mères. Elles sont demandeuses d'une prise en charge adaptée.
Il est important d'anticiper et d'informer les patientes dès 45 ans. C'est une consultation à part entière qui nécessite de l'écoute, car beaucoup de femmes n'osent pas aborder le sujet spontanément.
Quels sont les principaux symptômes de la ménopause ?
87 % des femmes de 50 à 65 ans sont affectées par au moins un symptôme de la ménopause en plus de l’arrêt des règles. S’ils varient d'une femme à l'autre, les symptômes les plus courants sont :
- Les bouffées de chaleur (70 % des femmes ménopausées sont concernées), généralement le symptôme le plus gênant pour les patientes, souvent accompagnées de sueurs nocturnes.
- Le syndrome génito-urinaire de la ménopause, qui entraîne sécheresse vulvovaginale, démangeaisons et douleurs pendant les rapports.
- Les troubles de l'humeur tels que l’irritabilité, les changements d'humeur soudains, voire la dépression.
- Les troubles du sommeil et la fatigue, ainsi qu'une baisse de la libido.
Sur le plan physique, certaines femmes témoignent de douleurs articulaires et musculaires, d’une prise de poids (ou d’une redistribution des graisses) liée à la modification du métabolisme, parfois une perte de cheveux. À plus long terme, la fragilité osseuse augmente avec un risque accru d'ostéoporose. Par ailleurs, les femmes ménopausées voient leur risque cardiovasculaire augmenter.
Quelles solutions existent avant de recourir aux traitements hormonaux ?
Le traitement n'est pas obligatoire et doit être adapté aux symptômes, aux contre-indications, aux facteurs de risque cardiovasculaires et au mode de vie de chaque patiente. La première approche reste l'hygiène de vie, à mettre en place progressivement dès 45 ans.
Cela commence par le sevrage tabagique, la limitation de l'alcool et l'adaptation de l'alimentation : diminuer sucres et graisses pour prévenir les risques cardiovasculaires, réduire le sel, augmenter les protéines pour préserver la masse musculaire, privilégier les aliments riches en calcium et prendre une supplémentation en vitamine D.
L'activité physique régulière est essentielle - pas forcément du sport intensif, mais prendre les escaliers, se déplacer à vélo, marcher régulièrement. Les sports doux tels que le yoga et le Pilates permettent de travailler la respiration et la gestion du stress.
Si ces mesures ne suffisent pas, des traitements à base de plantes et de phytothérapie peuvent être essayés, ainsi que des traitements locaux pour la sécheresse vaginale à base d'œstrogènes, d'acide hyaluronique ou de probiotiques.
Dans quels cas envisager un traitement hormonal de la ménopause ?
Si l'hygiène de vie et les traitements naturels ne suffisent pas, il est possible d’envisager un traitement hormonal de la ménopause (THM), sauf contre-indications formelles, à savoir : antécédents de cancer du sein ou de l'endomètre, maladies cardiovasculaires et maladie thromboembolique en cours. La durée du traitement se discute entre 5 et 10 ans, avec une réévaluation régulière du rapport bénéfice-risque.
Ce traitement soulage efficacement les bouffées de chaleur, les troubles du sommeil et de l'humeur, restaurant ainsi une bonne qualité de vie. Le THM protège également le cœur, prévient l'ostéoporose en maintenant la densité osseuse, protège du diabète et pourrait même avoir un effet protecteur contre certaines pathologies telles que le cancer du côlon.
Que faut-il savoir sur les risques du traitement hormonal ?
Les THM peuvent induire un risque accru de cancer hormonaux dépendant (cancer du sein et cancer de l’endomètre). Concernant le risque de cancer du sein souvent évoqué, il existe mais il faut nuancer. L'étude américaine WHI 2002 qui a fait couler beaucoup d’encre, montrait un risque accru de cancer du sein, mais concernait en réalité des populations très différentes des femmes européennes : la plupart des femmes de la cohorte étaient plus âgées (en moyenne 63 ans), en surpoids ou en obésité, et les progestatifs utilisés dans l’études n’étaient pas les mêmes que ceux prescrits en Europe. L'étude française E3N a démontré qu'avec l'utilisation de progestérone micronisée (« bio-identique » à la progestérone naturelle) plutôt que synthétique, il n'y a pas d'augmentation du risque si le traitement est pris moins de 5 ans.
Comment bien vivre cette transition et quels conseils donneriez-vous aux femmes ?
Les symptômes de la ménopause ne sont ni systématiques ni définitifs - ils finiront par disparaître. L'anticipation est la clé : les patientes ayant une bonne hygiène de vie ont généralement beaucoup moins de symptômes et traversent plus facilement cette période.
Pour arrêter un traitement hormonal, il est préférable de choisir un moment propice, idéalement pendant les vacances, en diminuant progressivement les doses plutôt que pendant une période de stress.
Le syndrome génito-urinaire mérite une attention particulière car beaucoup de femmes sont concernées. Au-delà des traitements locaux, il est recommandé de maintenir une activité sexuelle car cela améliore la vascularisation et la lubrification vaginale et d’éviter les toilettes vaginales trop fréquentes et réduire la consommation d’alcool et de certains aliments (thé, café, agrumes, tomates, sucre, épices).
Qu'en est-il de la ménopause précoce ?
La ménopause précoce, survenant avant 40 ans, constitue un cas particulier avec une indication formelle de traitement hormonal pour prévenir l'ostéoporose et les risques cardiovasculaires. En cas d’aménorrhée constatée avant 40 ans il est important de rechercher d'autres causes telles que des problèmes endocriniens ou thyroïdiens, ou des antécédents de chimiothérapie pouvant avoir avancé la ménopause.
Le message à retenir : la ménopause n'est pas une fin mais un nouveau chapitre. Avec les bonnes clés — qu'il s'agisse d'hygiène de vie, de traitements naturels ou hormonaux — chaque femme peut traverser sereinement cette étape et continuer à mener la vie active qu'elle souhaite. L'important est de ne pas rester seule face aux symptômes et d'oser en parler.