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Comment se déroule le nouveau dépistage du cancer du col de l’utérus ?

le 17/08/2022

Les nouveautés dans le dépistage du cancer du col mis en place depuis deux ans par la réalisation d’un test HPV remplaçant le frottis conventionnel

 

 

Depuis 2020, les modalités du dépistage du cancer du col de l’utérus ont évolué en France. Le Dr Olivier Chanelles, gynécologue obstétricien exerçant à l’Hôpital privé Armand Brillard (Ramsay Santé), situé à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne), nous éclaire sur le nouveau processus de diagnostic.

 

Considéré comme rare, le cancer du col de l’utérus touche tout de même près de 3 000 femmes par an en France. Le facteur de risque majeur est le papillomavirus humain (HPV), un virus persistant pendant dix à quinze ans au sein du col de l’utérus avant l’apparition du cancer. Il s’agit de l’infection sexuellement transmissible (IST) la plus fréquente. Le dépistage, par le biais d’un frottis vaginal, permet d’identifier des anomalies présentes au niveau des cellules du col utérin avant qu’elles n’évoluent en cancer et donc de pouvoir traiter des lésions pré-cancéreuses.

 

Auparavant, un frottis (examen consistant à prélever des cellules superficielles du col utérin par un léger frottement) était réalisé chez les femmes âgées de 25 à 65 ans pour dépister les éventuelles anomalies cellulaires. Ce test était effectué tous les trois ans, après deux premiers frottis pratiqués à un an d’intervalle. Mais depuis 2020 la Haute autorité de santé (HAS) a instauré de nouvelles recommandations concernant le dépistage du cancer du col utérin par la recherche du papillomavirus humain (HPV) chez les patientes âgées de 30 à 65 ans, dépistage beaucoup plus sensible qu’avant.

 

Désormais, le dépistage, qui se fait toujours par prélèvement au niveau du col utérin, a lieu tous les cinq ans lorsque le dernier examen est négatif à l’HPV de par sa grande valeur prédictive négative. S’il est positif, la surveillance est alors effectuée une fois par an et il est possible qu’une colposcopie, un examen du col de l’utérus effectué à l’aide d’un microscope, soit prescrite en complément pour affiner le diagnostic en cas de HPV persistant ou d’anomalies cellulaires suspectées d’emblée à la recherche de lésions pré-cancéreuses.

 

« Près de 20 % des femmes de cette tranche d’âge (30 à 65 ans) sont porteuses de l’HPV. Au fil des années, le virus peut disparaître (80% des cas), mais il peut également persister et provoquer l’apparition d’anomalies pré cancéreuses du col utérin. On traite alors ces lésions précancéreuses afin d’éviter la survenue d’un cancer du col de l’utérus », explique le Dr Chanelles, gynécologue obstétricien. Pour les femmes de 25 à 30 ans, les anciennes modalités de dépistage restent inchangées en raison de la trop grande présence de l’HPV à cet âge.

 

L’objectif de ce nouveau dépistage est de surveiller chaque année les patientes porteuses de l’HPV afin de favoriser la prise en charge précoce des lésions précancéreuses et de réduire le risque de cancer du col de l’utérus. Lors du dépistage, la technique de prélèvement est identique à la précédente : le praticien réalise un frottis pendant la consultation. L’analyse en laboratoire et la technique de dépistage sont cependant différentes. « Sur le flacon contenant le prélèvement, on indique soit ‘‘cytologie’’ pour une femme âgée de 25 à 29 ans afin que l’équipe recherche des anomalies cellulaires, soit on notifie ‘‘recherche de papillomavirus’’ pour une patiente âgée de 30 à 65 ans. En cas de test positif, une cytologie réflexe est alors réalisée pour déceler des anomalies cellulaires à partir du même prélèvement. La patiente n’a alors pas besoin de réaliser un second prélèvement », précise le Dr Chanelles.

 

La grande nouveauté de ce dépistage est qu’il est devenu organisé à l’échelle nationale grâce à l’Assurance maladie depuis deux ans. En effet, les patientes de 25 à 65 ans reçoivent un courrier de sensibilisation au dépistage du cancer du col de l’utérus afin de les inciter à prendre rendez-vous avec leur gynécologue ou leur sage-femme. Ce suivi permet de les sensibiliser et de favoriser le dépistage des lésions précancéreuses, leurs traitements et de diminuer le risque de cancer. Dans certaines régions, les auto-prélèvements HPV à domicile sont également mis en place. Les patientes reçoivent alors un kit à domicile afin de réaliser le dépistage du HPV.

 

« Le plus important pour lutter contre l’HPV reste la vaccination de tous les enfants à partir de 11 ans (filles et garçons) par un vaccin très efficace qui protège contre 9 souches de virus HPV et diminue les risques de cancer des parties génitales féminines (col utérin, vagin et vulve), mais aussi de la sphère ORL et de la marge anale. Une vaccination massive permettrait de diminuer la transmission du virus lors des rapports sexuels et ainsi de nombreux cancers HPV induits. » conclut le Dr Chanelles